| Les mots de l'actualité - NOËL |
| 1 | Joyeux Noël ! Il est sûr que c’est l’expression qui convient aujourd’hui, puisque c’est aujourd’hui le jour de Noël. Alors bizarrement, on peut se demander si ce mot de « Noël » qui m’intéresse – vous l’avez compris – si ce n’est pas l’un des plus français de tous ceux qui existent dans la langue française. Pourquoi ? Apparemment, tout milite en défaveur de cette thèse, parce que l’apparence du mot, la sonorité du mot : elle ne fait pas très française. La terminaison n’est pas familière de la phonologie française. L : est-ce qu’il y a beaucoup de mots en français qui se terminent par L ? Surtout quand ça s’écrit E – tréma – L. Non, il y en a très peu. Eh bien justement, même si c’est paradoxal, c’est peut-être parce que ce mot se détache des sonorités ordinaires du français qu’on peut dire qu’il est particulièrement français. Où est-ce que je vais là ? Est-ce que c’est de la mauvaise foi de ma part ? Comment est-ce qu’on peut en arriver à ce paradoxe étonnant ? Il y a quelque chose de tout à fait intéressant. C’est l’extraordinaire dérive phonétique qui a amené ce mot à être écrit et prononcé « Noël ». Et on dit que ce sont les mots les plus populaires qui sont les plus déformés par l’érosion linguistique. « Noël » en est un bon exemple. C’est le mot populaire par excellence si vous voulez. Il nous arrive par le biais du mot latin natalis qu’on employait dans l’expression natalis dies, c'est-à-dire le jour de naissance, donc l’anniversaire. Vous vous rendez-compte la différence qu’il y a entre natalis d’un côté et Noël de l’autre. Les deux mots, apparemment, n’ont rien à voir. Comment on en est arrivé là ? Eh bien, on trouve ce mot de « Noël » écrit et prononcé probablement de façon assez proche du français moderne à partir du XIIe siècle. Pourquoi ? Eh bien parce que à partir de natalis on voit que le T est tombé. Donc ça nous donne « naalis ». On a deux A qui se succèdent, les deux voyelles vont changer. Il y en a une qui va passer vers le O et l’autre qui va passer vers le Ë. Donc on a « naalis », « Noëlis » et ensuite, la finale va tomber elle-même et on va se retrouver avec « Noël ». Voilà comment on arrive à un mot qui se prononce en deux syllabes, « No-ël ». Et non pas « Noel », qui est plus proche de ce qu’on peut entendre actuellement aux Antilles avec un accent tout à fait particulier. Alors, parallèlement à tout ça, on a le mot latin natalitas qui a donné « nativité ». Un mot savant, d’usage ecclésiastique presqu’inchangé d’ailleurs par rapport à l’origine latine nativitas. Et c’est le mot notamment dont on se sert pour titrer les tableaux qui représente la naissance de Jésus avec une scène dont les éléments sont bien connus et fixés : on a l’étable de Bethleém, le bœuf, l’âne, Joseph, Marie, l’enfant, etc. Le mot, populaire dans les deux sens du terme, est devenu une exclamation de joie si on en revient à Noël, et au Moyen Âge, quand on était content, on disait « Noël ! Noël ! ». Ça veut dire « joie pour tout le monde ». |
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